mardi 11 novembre 2014

Mardis du livre d'octobre et de novembre



Une fois n'est pas coutume, voici le compte rendu des mardis du livre d'octobre et de novembre, avec un peu de retard. 


En finir avec Eddy Bellegueule d'Edouard Louis
Ce livre raconte l'enfance et l'adolescence d'un garçon issu d'un milieu défavorisé dans le Vimeu. Il se découvre homosexuel dans une famille où prédomine la virilité et souffre très tôt du rejet. Maltraité durant sa scolarité, il n'a pas d'amis et ne se confie à personne car il a honte. Il ne comprend pas ce qui lui arrive dans les premiers temps et essaie de sortir avec des filles. C'est la pratique du théâtre qui va en quelque sorte le sauver puisqu'elle lui permet d'entrer dans un lycée à Amiens, dans lequel il va se sentir accepté et se faire des amis. Ce livre, très poignant, fait écho au parcours de bien des jeunes homosexuels dans les campagnes. Il y a beaucoup de violence, on y découvre la pauvreté matérielle mais aussi intellectuelle, la jeunesse désœuvrée, les loisirs locaux constituant à l'ingestion de frites et d'alcool en regardant des films pornographiques. 

L'ouvrage comporte deux niveaux d'écriture représentant à la fois ce que le jeune homme pense et ce qu'il dit dans la réalité. L'auteur s'est inspiré de sa vie réelle mais signale qu'il s'agit d'un roman et non pas d'une autobiographie. Ce livre a suscité une grande polémique dans la région, et par conséquent au mardi du livre. Certains pensent que l'auteur a copié le livre de son mentor Retour à Reims, qui raconte plus ou moins la même histoire et qu'Edouard Louis a écrit ce livre pour faire parler de lui, sans se soucier du tort qu'il allait faire à sa famille, son village et sa région. Une fois de plus, la Picardie apparaît aux yeux des autres comme le théâtre de la délinquance et de la dégénérescence, ce qui est bien dommage. D'autres pensent que l'ouvrage permet de dénoncer une situation, à savoir l'homophobie et la souffrance de ceux qui en sont victimes. Pour avoir votre opinion, à vous de le lire... 



Plaintes, Ian Rankin
Ce polar se passe à Édimbourg, comme la plupart des ouvrages de l'auteur. Dans celui-ci, il inaugure un nouveau personnage, Malcom Fox, policier "bœuf carotte" comme on dit en France, c'est-à-dire de la police des polices. Ancien alcoolique, il est assez seul et ne fréquente que son père, résidant d'une maison de retraite et sa sœur, qui vit avec un loubard douteux. Il est chargé d'enquêter sur un policier soupçonné de pédophilie mais va très vite se rendre compte que cela ne colle pas avec le personnage. Parallèlement, son beau-frère est retrouvé mort et le policier chargé de l'enquête n'est autre que celui qui est soupçonné de pédophilie. Les deux hommes vont être amené à se fréquenter et vont être entraînés dans une aventure qu'ils ne soupçonnaient pas. Le roman se lit rapidement et contient du suspense.



Le quai de Ouistreham, Florence Aubenas
Ce livre est une enquête menée par la célèbre journaliste. Se jugeant déconnectée du quotidien des français car vivant et travaillant à Paris, elle décide de partir dans une petite ville avec rien et de tenter de se débrouiller. Elle veut voir de près cette "crise" dont les médias parlent sans cesse, comprendre son impact sur la vie des gens. Elle "déguise" son curriculum vitae en se gratifiant simplement d'un baccalauréat et tente de trouver du travail. Son objectif est de voir combien de temps il lui faudra pour décrocher un CDI, moment auquel elle arrêtera son enquête. Elle va donc galérer en enchainant des petits jobs de femme de ménage principalement. Elle va rencontrer de nombreuses personnes qui vont l'aider, sans rien attendre en retour, et comprendre que la très grande majorité des gens au chômage font tout pour retrouver du travail, contrairement aux idées reçues sur les chômeurs "fainéants qui vivent des allocations". Ce livre, écrit simplement, sans ajouts romancés, se lit avec grand intérêt. Il est très intéressant car il permet de montrer le courage des personnes confrontées aux difficultés financières dues à la crise. 


Bidoche, l'industrie de la viande menace le monde,  Fabrice Nicolino
Ce livre dénonce l'industrialisation de la viande. L'auteur y décrit les conditions d'élevage modernes et l'exploitation des animaux. Tous les procédés que personne ne préfère savoir afin de continuer à manger tranquillement de la viande. Personne ne peut sortir indemne de cette lecture et si vous continuez à être carnivore après cela, ou du moins à ne pas vous soucier des conditions d'élevage des animaux que vous mangez, c'est inquiétant... 


La fête de l'insignifiance, Milan Kundera
Kundera n'écrit pas de romans "romanesques" mais cherche à faire réfléchir ses lecteurs. Selon lui, la vie ne sert à rien et c'est ce qui la rend intéressante car ce que l'on fait ne portant pas à conséquence, cela nous rend libre de faire ce que l'on souhaite. Dans cet ouvrage, l'histoire est quelque peu difficile à suivre car bien qu'il n'y ait que quatre personnages principaux, d'autres personnages viennent s'y ajouter. La trame en tant que telle n'est pas vraiment intéressante mais ce sont les digressions qui la complètent qui le sont. Les personnages, hyper-réalistes, sont touchants. Il y a par exemple cette femme qui, souhaitant mettre fin à ses jours, se jette dans un fleuve. Un homme qui assiste à la scène tente de la sauver mais ce faisant se noie tandis qu'elle s'en sort. Elle va alors faire croire à tous que c'est l'homme qui souhaitait se suicider et qu'elle a tenté de le sauver. L'auteur intercale dans son œuvre des faits et anecdotes historiques qui ajoutent un côté amusant. 

Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles, Gyles Brandeth. 
Ce roman policier met en  scène le célèbre écrivain, mêlé à une histoire de meurtre. Le narrateur est un ami d'Oscar, Robert Sherard, qui l'accompagne dans ses aventures. Cet ami a réellement existé, comme le héros. On y découvre la vie de dandy que mène le héros, avec son allure extravagante, ses tenues excentriques et ses excès. L'intrigue se situe à l'époque où Wilde écrit Le portrait de Dorian Gray. Il s'agit d'un polar sympathique, sans scènes noires comme on en trouve souvent dans les polars actuels. Une lecture agréable et une plongée dans l'Angleterre victorienne. 


L'apparence de la chair, Gilles Caillot
Ce policier se différencie du précédent par son caractère sombre, ses personnages torturés et ses scènes sanglantes à ne pas aborder si l'on veut pouvoir dormir sereinement. Le personnage principal est une femme qui a été victime d'un serial killer quinze ans auparavant. Or, ce dernier revient et elle va se mêler à l'enquête... Avec un surprenant coup de théâtre à la fin - que l'on ne révélera pas ici pour les lecteurs - il fera le bonheur des fans du genre.