mercredi 24 septembre 2014

Mardi du livre - septembre 2014



La rentrée du mardi du livre a eu lieu le 2 septembre au Café. Les participants ont exposé leurs lectures de l'été.


L’élégance du Hérisson, Muriel Barbery
Le roman se déroule à Paris, dans un immeuble bourgeois. Une adolescente de 13 ans, intellectuellement précoce, Paloma, en a assez de la vie et souhaite mettre fin à ses jours car elle se sent en décalage par rapport à son milieu. Parallèlement, Renée, la concierge, se fait passer pour une idiote auprès des habitants alors qu’elle est très cultivée, afin d’avoir la paix. Ces deux personnages se racontent au rythme d’un chapitre sur deux. On découvre également à travers elles les autres personnages de l’immeuble, présentés comme des riches égoïstes.
Geoffrey, qui nous présente le livre, trouve que les personnages sont assez simplistes et caricaturaux. Paloma est une fausse rebelle assez agaçante, alors que Renée est attachante. Le style du livre est très pompeux, comme si l’auteur avait voulu faire étalage de sa culture en utilisant des mots savants et en se référençant à d’autres auteurs. Ce livre a reçu plusieurs prix mais n’est absolument pas fascinant, une déception. 


Antéchrista, Amélie Nothomb
Victor nous présente un nouvel ouvrage de cette auteure qu’il affectionne particulièrement. Certes, elle sort un livre par an, à la rentrée littéraire, réduisant la création à une opération marketing mais ses œuvres trouvent toujours leur public. Dans celui-ci, une adolescente de 16 ans introvertie entre à l’Université. Elle rencontre une jeune fille avec qui elle se lie d’amitié. Cette dernière possède 2 facettes. L’une, candide et naïve et l’autre plus sombre. Au contact de sa nouvelle amie, l’héroïne « apprend la vie », sort de l’enfance. Cependant, elle s’aperçoit vite que sa comparse lui est devenue indispensable, sous son charme, elle ne peut plus se détacher d’elle et cela va lui occasionner des problèmes. Comme toujours avec Amélie Nothomb, l’histoire est un peu tordue et mordante, conseillée aux fans du genre. 



Mohawk, Richard Russo
Pauline a découvert cet auteur avec ce roman qui se déroule aux USA, dans une petite ville, au début des années 1970. On y suit Anne, sa famille proche et une autre famille, laquelle a un lien avec la première mais le lecteur ignore lequel. Visiblement, il s’est passé un événement grave entre les deux familles. A chaque paragraphe, on suit des personnages différents et il y a des flash-back. On rentre très vite dans leur quotidien car le livre est intéressant et bien écrit. Le sujet de prédilection de l’auteur est le déclin des USA et il est présent ici, à travers la crise que traverse l’industrie à l’époque et la découverte des premières maladies liées au tabac. 




L’insoutenable légèreté des scones, Alexander Mac Call Smith
Cet auteur écossais a déjà été présenté lors des mardis du livre. Cet ouvrage est le dernier sorti en France, suite de la série Chroniques d’Edimbourg, dans lesquelles on suit plusieurs habitants de cette ville. L’ambiance de la série reste inchangée, si ce n’est un peu plus lent. On y retrouve Bertie, l’enfant précoce qui a du mal à supporter sa mère ; l’exploratrice qui revient de son dernier voyage raté auprès de pirates (de DVD) ; le galeriste qui galère… et quasiment tous les autres. Pour les fans, l’attente a été longue car ce volume a été publié en anglais en 2010, sans traduction jusqu’ici. Un autre tome est d’ailleurs sorti depuis, espérons que la traduction sera plus rapide. 




L’amour d’une honnête femme, Alice Munro
L’auteur est canadienne de langue anglaise. Elle écrit surtout des nouvelles et a été récompensé pour cela par le prix Nobel de littérature en 2013. Marion, qui nous présente cet ouvrage, ignorait qu’il s’agissait d’une nouvelliste et a été quelque peu perturbée en constatant en cours de lecture que chaque chapitre présentait une femme, mais qu’on ne les retrouvait plus par la suite. Il y a donc ici 8 nouvelles dont les protagonistes n’ont aucun lien entre elles, à part le fait d’avoir cru au grand amour et d’avoir été déçues. Par exemple, on y trouve une femme qui est mariée à un homme insipide et n’ose pas s’avouer qu’elle fantasme sur un inconnu, ou encore une jeune fille qui se déguise en jeune mariée et dont la robe va prendre feu, la transformant en torche vivante.
A chaque nouvelle, il y a une prise de conscience, la vie d’un être qui bascule, quelque chose de nouveau qui survient… L’écriture est subtile et on ne comprend pas tout de prime abord. Il faut savoir interpréter les silences et le regard complice de l’auteur. 




En un monde parfait, Laura Kasischke
Cette romancière américaine est née dans le Michigan en 1961. Elle nous raconte ici l’histoire de Jiselle, une hôtesse de l’air trentenaire qui cherche l’amour. Un pilote d’avion veuf et père de 3 enfants, beau, riche et intelligent, que toutes les autres hôtesses convoitent, va la demander en mariage. Elle se retrouve belle-mère et les enfants sont terribles avec elle.
L’histoire, qui commençait de façon banale, connaît alors un tournant. Une épidémie de grippe mortelle envahit les USA et le pays est paralysé. Le mari est retenu en quarantaine avec son équipage en Allemagne et elle doit subvenir seule aux besoins de sa belle-famille, tout en les protégeant de l’épidémie. Les morts s’amoncellent, les USA ne gèrent plus rien, c’est une atmosphère de fin du monde.
Pour résumer, comme le dit Marion : « ça commence en Bridget Jones et ça finit comme La Route ». Un roman passionnant en tout cas, avec une écriture très maitrisée, focalisée sur les détails, les sentiments et la psychologie des personnages. 



1Q84, Murakami
Ce roman japonais en 3 tomes a connu un succès colossal dans le monde entier. On y suit deux personnages principaux, Anomaé et Tengo. La première est une professeure d’art martiaux, célibataire et solitaire. Elle a coupé les liens avec sa famille très jeune car celle-ci appartenait à une secte. Tengo est un professeur de mathématiques brillant et tente d’écrire son premier roman. Célibataire également, il fréquente un éditeur qui lui propose de travailler à la réécriture d’un roman qu’il a reçu et juge brillant mais qui manque de technique car rédigé par une jeune fille de 17 ans. Ce roman, à l’atmosphère particulière raconte l’histoire d’une petite fille en proie à des phénomènes surnaturels.
Tout au long de l’histoire, on va découvrir quel est le lien entre Anomaé et Tengo, ainsi que la part sombre de leurs personnalités. Le roman écrit par la jeune fille, intitulé La Chrysalide de l’air et « arrangé » par Tengo, est au centre de l’intrigue car les phénomènes surnaturels qui y sont décrits se passent subitement dans la réalité et viennent bouleverser la vie des personnages. Addictif, perturbant, mêlant habilement réalité et surnaturel, ce roman déstabilise le lecteur. 



Rien n’est trop beau, Rona Jaffe
Ce roman est sorti aux USA en 1958. Il raconte le quotidien de plusieurs jeunes femmes qui arrivent à New-York et trouvent un emploi de secrétaire dans une maison d’édition. Chacune différente, elles ont pourtant pour la plupart le même rêve, qui tourne à l’obsession : trouver un mari. Pour ce faire, elles fréquentent des bars, des cocktails dans lesquels elles boivent des litres d’alcool et fument un nombre incalculable de cigarettes.
Avec plus de 60 ans de recul, la lecture de ce roman laisse incrédule la jeune femme d’aujourd’hui. Les mentalités des hommes et des femmes, leurs rêves et leurs désirs ont considérablement évolués, ce dont l’on n’a pas forcément conscience. Le machisme ambiant ; la femme placée au rang de faire-valoir et de femme d’intérieur, conditionnée pour mettre au monde des enfants et confectionner des tartes ; l’insouciance quant aux dangers de l’alcool et du tabac, mais aussi la possibilité de s’élever socialement, de trouver facilement du travail dans un contexte d’essor économique, les prémices de la liberté sexuelle… Un univers méconnu qui se découvre avec plaisir dans ce roman. Le lecteur alterne entre l’envie de hurler sur ces femmes qui ne contestent pas leur condition et l’envie de connaître l’insouciance qui berçait ces dernières à qui l’avenir semblait radieux. 

 

Rendez-vous le mardi  7 septembre pour la prochaine séance !