dimanche 28 décembre 2014

Mardi du livre de décembre

Le 2 décembre dernier se sont retrouvés comme de coutume les amateurs de lecture au café, à Amiens. 


Voici le résumé des ouvrages présentés. 

Nous commençons la dernière séance de l'année avec un hebdomadaire, présenté par Geoffrey, le 1. Ce journal au format atypique (une seule très grande feuille à déplier, peu pratique pour lire dans les transports en commun, sauf à vouloir partager avec ses voisins), s'empare pour chacun de ses numéros d'un sujet, qu'il traite à travers tous les points de vues existants à son propos. Le numéro présenté par Geoffrey, le 33, traite du végétarisme. On peut y découvrir les avis d'un poète, d'un boucher, d'un philosophe, d'une anthropologue, d'un historien, d'un économiste... Le concept est intéressant, mais il faut que le sujet intéresse le lecteur pour qu'il suscite l'envie de lecture. Le 1 coûte 2,80 euros et l'abonnement 9 euros par mois. 


Daniel nous présente Plus fort que les dieux de Peter L. Bernstein. Cet ouvrage traite de la naissance de la probabilité en économie. Il ne s'agit pas d'un roman et il faut avoir quelques bases en économie. On y découvre l'histoire des grands cerveaux des mathématiques qui ont contribué à l'économie. On y apprend comment la notion de risque a donné naissance à la probabilité et aux calculs d'anticipation des risques, lesquels ont donné lieu aux assurances que nous souscrivons tous. Le livre porte à la réflexion : que peut-on anticiper/contrôler dans sa vie ?


Blandine nous présente deux ouvrages, l'un, qu'elle a adoré et l'autre détesté. Commençons par celui qu'elle n'a pas apprécié. Il s'agit d'Esprit d'hiver de Laura Kasischke. Holly, une américaine, se retrouve coincée à la maison un jour de Noël avec sa fille adoptive. Son mari parti précipitamment pour aller chercher ses parents ne peut rentrer, entre autre à cause d'une tempête de neige. Les invités se décommandent : la tempête de neige empêche toute circulation. A l'intérieur de la maison, un climat étrange s'installe. Blandine a trouvé le livre creux et insipide. Il ne se passe rien, hormis des longueurs sur la cuisson du rôti, les poules dans le jardin et les conditions d'adoption de Tatiana. Il n'y a aucune émotion dans la relation mère/fille et aucune empathie pour les personnages ne se développe chez le lecteur. D'autres romans du même auteur ont déjà été présentés lors des mardis du livre et avaient été appréciés par les lecteurs. A vous donc de vous faire une idée sur celui-ci si le cœur vous en dit. 



Blandine a adoré Jacob, Jacob de Valérie Zenatti. C'est l'histoire d'une famille juive de Constantine pendant la deuxième guerre mondiale. Jacob a 19 ans quand il doit se présenter au service militaire. Il sera formé pour libérer cette France qui est sa patrie mais qu'il ne connait pas. Parallèlement, sa famille restée à Constantine vit et attend son retour. Il s'agit d'un roman historique ou les phrases claires et concises décrivent les pensées et actions de chacun. A la fin du roman, on a envie d'en savoir d'avantage sur le devenir de la famille. On est en totale empathie envers tous les membres de la famille. L'auteur réussit très bien à allier ici les côtés romanesque et historique.




Nicolas nous présente Stigmate, les usages sociaux du handicap d'Erving Goffman. Le titre peut paraitre peu vendeur mais ce livre est extrêmement intéressant. Il s'agit du 1er tome d'une série qui traite de la façon dont on perçoit les handicaps, qu'ils soient visibles ou non. Comment réagir face aux handicaps ? Le mot stigmate vient du grec et signifie : ce qui est visible et permet de catégoriser une personne mais avec une idée négative. Un ouvrage intéressant pour qui veut s'ouvrir aux différences.





Kokoé nous parle de 50 nuances de Grey d'E.L. James. Ce roman en trois tomes, qui a connu un très grand succès, n'est pas à mettre entre toutes les mains. Il s'agit d'une histoire d'amour sur fond de sadomasochisme, à l'intrigue plutôt bien tournée. Les deux héros sont un milliardaire célibataire et une étudiante qui le rencontre à l'occasion d'une interview.

Kokoé a également adoré 1Q84 de Murakami. Ce roman fantastique en trois tomes a déjà été présenté lors du mardi du livre de septembre. Il met en scène un professeur de mathématiques et une tueuse à gages qui vont se retrouver projetés dans une année parallèle à 1984, au Japon. Intriguant et atypique, en dépit de quelques longueurs, il vaut la peine d'être découvert.


Laurent nous parle du roman qu'il est en train de lire : Karoo de Steve Tesich. Il se passe entre New-York et Hollywood, dans le milieu du cinéma. Le héros est un écrivain raté qui gagne sa vie en réécrivant des scénarios (script-doctor), il les transforme pour en faire des films grand public, c'est-à-dire des "soupes". Assez cynique, il a un fils adoptif qu'il rejette. Alors qu'il travaille sur un film, il se rend compte que l'actrice principale est la mère de son fils. Il va donc réécrire le scénario du film et de sa vie, car il tombe amoureux de cette femme. Le livre peut-être qualifié de tragicomique, avec des moments assez drôles.




Marion nous présente Les dieux voyagent toujours incognito de Laurent Gounelle. Il s'agit d'un conte philosophique. Allan, 24 ans est américain et français par sa mère. Il grandit aux États-Unis et lorsque le livre commence, il vient d'arriver en France pour un job de recruteur dans une entreprise qui veut se développer. Il n'est pas très heureux dans sa vie et suite à un chagrin d'amour, il veut se suicider en se jetant de la Tour Eiffel. Au moment de sauter, un vieux monsieur prénommé Yves lui parle et le fait changer d'avis. Il lui promet de le rendre heureux s'il fait tout ce qu'il lui ordonne. Il va lui redonner confiance en lui. Marion a trouvé ce roman, qui a eu un très grand succès, "téléphoné de bout en bout". On s'attend à tout ce qui se passe, cela ne "vole pas très haut" et le dénouement est "tiré par les cheveux". Hélas, comme bien souvent, le succès d'un livre grand public n'est absolument pas gage d'un ouvrage intéressant et réussi...


Marie présente son coup de cœur de l'année : Les cent derniers jours de Patrick Mac Guiness. Le personnage principal du roman est un jeune professeur d'anglais qui débarque en Roumanie afin d'assurer des cours à l'université de Bucarest. Il vient d'enterrer son père et souhaite commencer une nouvelle vie. Il va découvrir, et le lecteur avec lui, la Roumanie communiste. Très vite, un de ses collègues, Léo, le prend sous son aile et le guide à travers les rouages complexes de la vie sous un régime communiste, qui semble invraisemblable au jeune homme de l'Ouest qu'il est. Il voit les injustices, la promiscuité, le système sanitaire désastreux, la pauvreté, la débrouillardise, la destruction de toute liberté, la suspicion. Néanmoins, en tant qu'étranger, il est privilégié. Léo, le roi du marché noir, lui procure tout ce dont il a besoin.Ils fréquentent les milieux aisés et vont s'attirer des ennuis auprès de personnages peu recommandables. L'écriture de ce roman est magnifique et l'auteur retranscrit parfaitement le climat surréaliste et oppressant d'un régime communiste, parce qu'il a vécu lui-même en Roumanie. Une place particulière est accordée à la destruction systématique menée par Ceausescu des lieux historiques du pays pour en faire des tours bétonnées afin de raser le passé. Le livre est à la fois drôle, triste, passionnant et instructif.


Marie nous parle également de La tristesse du samouraï de Victor del Arbol. Ce polar nous fait naviguer entre plusieurs générations de personnages, entremêlant passé et présent, de 1941 aux années 1980. On y suit une femme qui tente de fuir son mari en 1941, homme politique cruel et brutal ; leurs deux garçons (de leur enfance à leur mort) ; un commissaire de police déchu et emprisonné ainsi qu'une brillante avocate de nos jours, laquelle tente d'éclaircir les liens qui existent entre tous ces personnages. Il s'agit d'une histoire dure, avec des personnages cruels et sordides, qui reflète bien l'Espagne totalitaire et son climat atroce. Des passages de tortures peuvent choquer les lecteurs sensibles. Ce livre a remporté plusieurs prix dont celui du polar européen 2012. Bien qu'il se lise agréablement, il ne s'agit pas non plus d'un roman "haletant".


Enfin, Marie conseille  Meurtre chez tante Léonie d'Estelle Montbrun, à ceux qui ont envie d'un roman sympathique pour se détendre. Il s'agit d'un policier "gentillet", à la "miss Marple", si ce n'est que l'héroïne est une jeune femme. Celle-ci est la secrétaire d'une association dédiée à Proust et doit faire face au meurtre de sa Présidente à la veille d'un colloque réunissant les passionnée de l'auteur dans la maison de son enfance. L'auteur est une américaine, professeur de littérature spécialiste de Proust. Une suite existe, intitulée Meurtre à petite plaisance.

 Rendez-vous le mardi 6 janvier 2015 à 20h, au Café !